J’habite depuis maintenant trois mois à Clermont-Ferrand. Il y a trois mois et un jour, je n’y avais jamais mis les pieds. C’est dit ! Maintenant, ne soyons pas extrémistes : je vais vous proposer une approche un peu plus douce, pour vous permettre de considérer ou reconsidérer votre situation, et peut-être initier un changement de cap vers plus de Révolution Pastèque dans votre vie !

Les pré-requis

La première étape, comme souvent, est de faire un bilan de sa propre situation. Je ne peux pas le faire pour vous, mais je peux vous indiquer à quoi ça ressemblait fin 2018 pour moi :

Je ne suis attaché à aucun endroit en particulier. Je ne me suis jamais dit « c’est ici que je veux vivre ! ». J’ai des attaches familiales et amicales en région parisienne, mais j’ai vécu deux ans au Luxembourg, sans en souffrir particulièrement : je peux m’éloigner sans trop de problème.

Je n’ai d’attaches professionnelles nulle part. Vous le savez déjà, je suis freelance, et je travaille très majoritairement à distance. Au quotidien, je travaille pour mes clients depuis mon appartement, ou dans un coworking, un café, une bibliothèque, etc. Du moment que le travail est fait, le travail est fait, peu importe d’où il est fait ! Dans l’idéal, je vois mes clients tous les mois ou tous les deux mois, principalement afin de valider des points cruciaux, ou simplement pour maintenir une bonne relation humaine avec eux. Encore une fois, je peux m’éloigner, mais si possible en restant à portée de Paris pour y repasser fréquemment.

J’ai assez peu de « bazar ». Ou en tout cas, je suis prêt à sacrifier presque tous les objets que je possède, à l’exception de quelques-uns : le minimum vital de vêtements, ma poêle (une De Buyer splendide), mon matériel à café (moulin manuel Hario, V60 & théière), et un peu de matériel informatique : ma tour, assez compacte, un ou deux écrans, clavier-souris-casque. Grâce à cela, je peux, en deux voyages, porter de mes petits bras toutes mes possessions.

Mon père appelle ça un mode de vie « un peu spartiate ». J’appelle ça un luxe ! J’en profite d’ailleurs pour vous renvoyer vers l’excellente série Netflix de Marie Kondo, et son livre (que je n’ai pas lu pour ma part). J’avoue que je n’ai pas vraiment suivi sa méthode : je n’ai simplement jamais eu une attache forte avec les objets que je possède. Si un objet ne me sert pas pendant quelques mois, je considère volontiers que c’est inutile, et que je peux le donner, le vendre ou le jeter.

Note de Thomas : Bien qu’il ne se considère pas vraiment comme tel, Hector est un vrai minimaliste. J’admire sa capacité à réduire les objets dont il a besoin au quotidien, étant moi-même sensible au concept mais pas aussi avancé en pratique. Un exercice que je recommande à tous de faire, c’est de prendre une feuille de papier et de tracer quelques colonnes pour y trier ses possessions. Tout à gauche, les objets que j’ai utilisé tous les jours pendant les trente derniers jours. Ensuite, ceux que j’ai utilisé au moins chaque semaine. Puis une fois par mois sur les six derniers mois. Une fois pendant la dernière année en cours. Et enfin le meilleur : jamais. Vous seriez surpris de voir que nous possédons énormément d’objets que nous n’utilisons presque pas, ou même jamais. La suite de ce listing est de vous débarrasser progressivement de tous les objets que vous n’utilisez pas au minimum une fois par mois. Un salvateur ménage de printemps, qui vous fera gagner beaucoup de place chez vous et aussi beaucoup d’espace mental pour vous consacrer à ce qui compte vraiment !

Je pense que c’est une clé de la mobilité, et d’une vie heureuse. On peut avoir des attaches émotionnelles avec des objets, mais ces dernières doivent rester rares, ne pas aller jusqu’au fétichisme, et surtout, ne pas être généralisée à toutes nos possessions. Ce doit être l’exception et non la règle. Pour prendre mon propre exemple, je ne pense pas qu’il y ait d’objet que je conserverai s’ils n’avaient plus d’utilité : même dans le cas de ma poêle bien-aimée, je m’en séparerai sans arrière-pensées le jour où elle sera cassée sans pouvoir être raisonnablement réparée.

Une troisième fois, la conclusion est la même : le peu d’attaches que j’ai avec des objets me permet de me bouger facilement, et de vivre dans des espaces plus ou moins grands.

Note de Thomas : Hector reprend à son compte la devise de l’escargot et peut transporter l’intégralité de ses possessions sur son dos : c’est là la clé de sa mobilité ultime !

Vous êtes mobiles ? Mobilez !

Que faire de toutes ces informations ? Il faut conclure que je suis mobile. Et par conséquent, que je devrais choisir l’endroit où je m’installe en conséquence. Peu importe si c’est pour un mois, trois mois, six mois ou quinze ans.

Note de Thomas : Petite leçon d’histoire. Le terme de géo-arbitrage s’est démocratisé avec le développement du digital et des technologies de communication, en parallèle de l’essor du freelance. Il s’agit pour une personne freelance de vivre dans un endroit où le coût de la vie est inférieure à celui d’où ses clients la paie. Un exemple ? Quand Tim Ferris travaille pour des clients américains en étant payé 1,000$ par jour et vit à Buenos-Aires où le salaire médian est quatre fois plus faible qu’aux Etats-Unis (moins de 500$…par mois !), on dit qu’il réalise un géo-arbitrage. 

J’ai donc fait ce que n’importe quelle personne censée aurait faite à ma place : un classement des villes françaises ! Là où j’ai un peu poussé le vice – il faut le reconnaître – c’est que j’en ai aussi fait un site web : remotefrance.fr.

Nous avons donc six critères parfaitement objectifs, permettant de dégager quelques villes qui sont particulièrement propices à l’accueil d’un Hector pour quelques temps. Aujourd’hui, ce sont Lyon, Bordeau, Nantes, Clermont-Ferrand et Tours qui mènent la danse. Je me suis un peu renseigné sur ces villes, et j’ai décidé de m’installer à Clermont-Ferrand, la raison principale étant que c’était la ville avec les plus faibles loyers dans le haut du classement. Simple, clair, efficace, « basique ».

J’ai donc cherché un appartement, et j’ai emménagé début janvier à Clermont-Ferrand. Le 2 Janvier était à la fois la première fois pour moi que je mettais les pieds dans cette ville auvergnate, et le jour de mon emménagement dans un studio que j’ai pris via leboncoin. Me voici donc, par vertu du manque d’audace généralisé, un aventurier des temps modernes. Un géo-arbitrageur en puissance.

Qu’est-ce que je pense de Clermont-Ferrand ? C’est une mi-ville mi-village sympathique. Des petites rues, une grande cathédrale, des bars sympathiques, un coworking accueillant et agréable (Epicentre !). Est-ce que je vais rester ici toute ma vie ? Aucune idée !

A quelle échelle géo-arbitrer ?

« Tu es bien gentil, mon petit Hector, mais la France, ce n’est pas le seul territoire qui s’offre à nous ! », entend-je déjà PGL me souffler à l’oreille. Certes, certes, mon coco. Dans l’idéal, on peut élargir notre espace de jeu à la terre entière : direction nomadist, et on achète son billet pour la Thaïlande, à la dernière minute, façon Thomas ! A nous la vie à bas coût, les plages, les temples perdus dans la jungle et les cocotiers !

Note de Thomas : là encore, je fais moins dans la modération qu’Hector. La liberté et l’indépendance, c’est ce que je chéri le plus quand je suis freelance. Et lorsque je géo-arbitre, c’est pour partir sous les tropiques ! Me prélasser sur une plage après une bonne journée de travail a toujours été une vision très motivante pour moi. Qui a dit qu’il fallait attendre l’indépendance financière pour kiffer ? Le plus beau étant qu’en “kiffant” de la sorte, on dépense quand même moins qu’en restant vivre à Paris.

Mais il y a aussi de bonnes raisons de rester en France. En premier lieu, la simplicité fiscale de rester auto-entrepreneur et de séjourner plus de six mois par an dans la mère patrie pour conserver la domiciliation fiscale. Certainement pas la plus avantageuse, mais il faut reconnaître que le régime auto-entrepreneur est simple et peu onéreux !

D’autres raisons peuvent inclurent les rythmes de vie (qui veut manger tôt comme un Hollandais ou tard comme un Espagnol ?), la langue, la culture, le fuseau horaire, un sentiment patriotique, etc. La liste est longue, et pour certains aucuns de ces éléments ne sont des freins ! Pour d’autres, il faut peser le pour et le contre avec soin.

Comme souvent, il revient à chacun de faire ses propres choix : les voyages peuvent être de beaux géo-arbitrages, à condition bien sûr que le coût des trajets ne recouvrent pas trop les gains du coût de vie sur place !

Un mot sur l’immobilité et l’immobilier

L’un de nos postes de dépenses les plus importants est le loyer. C’est d’ailleurs très majoritairement le premier budget mensuel. Comme nous avons pu l’expliquer dans nos articles sur l’immobilier et sur l’épargne et la gestion de son budget, il y a un moyen facile de transformer ce poste de dépense en épargne : faire un investissement immobilier, et vivre dans ce bien. Ainsi, votre loyer devient le remboursement d’un emprunt, et accroît votre patrimoine chaque mois un peu plus.

L’approche de forte mobilité que nous vous proposons au-dessus est difficile à réconcilier avec l’élimination du loyer comme poste de dépense. Comme toujours dans la vie, il faut faire des choix : vous ne pouvez pas à la fois être mobile, bouger sans arrêt et surtout sans contraintes, et en plus bénéficier des avantages des sédentaires.

Note de Thomas : Si l’investissement immobilier vous intéresse, et même en ayant un mode de vie très mobile, vous pouvez vous orienter sur un investissement locatif dans l’immobilier, et acheter un appartement pour le louer. Ciblez des villes dans lesquelles le ratio loyer / prix de vente est intéressant !

Pour ma part, je vois la phase de mobilité comme une opportunité pour réfléchir à des projets immobiliers : pourrais-je acheter dans l’une des villes que je visite ? Comment est le marché immobilier dans ces villes ? Pourrais-je louer mon bien si je n’y vis pas ? Dans quels quartiers vivent les étudiants, les jeunes actifs, etc. ? Ce sont autant de questions auxquelles il est plus facile de trouver la réponse en étant sur place.

Je réitère donc : vous ne pouvez pas avoir le beurre et l’argent du beurre, un style de vie nomade et les avantages des sédentaires. En tout cas, pas tout en même temps. Mais vous pouvez profiter de votre mobilité pour découvrir de nouveaux environnements et vous sédentariser ensuite là où vous vous sentez le mieux. Bonne route !

Déjà expérimentés une forme de géoarbitrage ? Ou tentés de vous lancer ? Partagez ça en commentaire !

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